La Feuille d'Hector n°825 du 24 janvier 2014

Faucon ou colombe ?  (Éditorial du 24/01/2014)

 

Après huit années passées dans un coma artificiel, Ariel Sharon qui fut général dans l’armée et homme politique de premier plan en Israël, vient de décéder. À lui seul, cet homme représente toute la complexité d’une situation dont souffrent les peuples palestinien et israélien.

 

Ariel Sharon est né Scheinermann, en 1926, de parents qui avaient immigré en Palestine sous mandat britannique, depuis l’Europe centrale, dès 1920. Très jeune, il s’est engagé dans la lutte armée au sein de la Haganah. Dans cette armée secrète qui deviendra Tsahal en 1948, il se bat, mène des actions violentes contre la Légion arabe. En 1948, il est gravement blessé.

 

La guerre des Six jours, en 1967, voit notre homme se distinguer dans le Sinaï et son prestige commence à grandir. C’est après une nouvelle victoire de l’armée israélienne dans la guerre du Kippour, en 1973, qu’il abandonne l’uniforme pour se lancer en politique, son prestige ayant encore augmenté.

 

Ministre de l’Agriculture dès 1974, Ariel Sharon pousse aux implantations agraires juives en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Jusqu’en 1981, ce sont plus de 25 000 Juifs qui s’installent dans les territoires occupés.

 

Arrive 1982 et l’invasion du Liban que Sharon dirige en tant que Ministre de la Défense. Tsahal couvre les phalangistes chrétiens libanais lors des massacres de Sabra et Chatila. La Commission d’enquête officielle évoque sa responsabilité personnelle et le contraint à démissionner.

 

Quelques années plus tard, Ariel Sharon revient au gouvernement puis est député à la Knesset, le Parlement israélien. C’est en 1998, alors qu’il est Ministre des Affaires étrangères, qu’il fait avancer le processus de paix. Premier ministre en 2001, réélu en 2003, il stoppe les négociations avec Yasser Arafat et réprime très durement les activistes palestiniens. C’est sous son gouvernement que la barrière de séparation à l’intérieur de la Cisjordanie et autour de Jérusalem commence à être édifiée malgré une condamnation de l’Onu.

 

Plus le temps passe et plus Sharon devient réaliste. Il retire les troupes de Gaza et entame un désengagement des territoires occupés malgré l’hostilité de la droite israélienne. Alors qu’il était donné grand favori des élections de 2006, il est victime d’une attaque cérébrale.

 

Ariel Sharon a toujours été plus faucon que colombe. Ce n’est que dans les dernières années qu’il a accepté quelques concessions pour tenter de ramener la paix dans cette région où rien n’est encore réglé, le cycle infernal attaque – représailles ne semblant pas encore avoir de fin.

 

Jean-Paul

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