La Feuille d'Hector n°843 du 27 juin 2014

Journalisme, évolution en cours  (Éditorial du 27/06/2014)

 

Le déversement quotidien de l’information depuis les médias écrits et audiovisuels laisse croire que la profession journalistique peut vous caser bien tranquillement, pour de longues années. C’est principalement à la télévision que nous voyons toujours les mêmes éditorialistes ou commentateurs vedettes monopoliser micros et caméras. Derrière ce rideau de fumée, la réalité est bien différente.

 

Une enquête récente, dirigée par Christine Leteinturier, Maître de conférences en sciences de l’information à l’Institut français de presse (IFP) de l’Université Panthéon-Assas (Paris II), montre qu’une carrière moyenne de journaliste ne dépasse pas 15 ans. Dans ce métier, comme dans bien d’autres, les carrières sont courtes, la précarité est en hausse et lorsqu’un journaliste subit une vague de licenciements, il éprouve de plus en plus de difficultés à retrouver du travail.

 

En 1990, 8,4 % des journalistes travaillaient en CDI (contrat à durée indéterminée) mais dix-huit ans plus tard, ce pourcentage a chuté à 1,9 % ! Sur les 36 000 journalistes français titulaires d’une carte de presse, un tiers seulement peut espérer faire une longue carrière. Les autres doivent se contenter de contrats précaires, travaillant à la pige, c’est-à-dire seulement payés pour les reportages, textes ou photos diffusés ou publiés, ou encore avec un CDD (contrat à durée déterminée) mais aussi, de plus en plus, avec des contrats de qualification et des stages…

 

La réalité économique et l’évolution des habitudes obligent la presse écrite à hausser ses tarifs comme l’ont fait récemment Le Parisien, Libération et surtout Le Monde qui a atteint le seuil symbolique de 2 euros. Si cela apporte de l’argent dans les caisses, les ventes continuent de chuter. Devant ces transformations et cette crise permanente de la presse écrite victime d’une désaffection croissante des lecteurs, une enquête comme celle de l’IFP, publiée sous le titre « Les journalistes français et leur environnement (1990 – 2012) » ouvre d’autres horizons.

 

En effet, est constatée une diminution de la production d’informations dans tous les médias où l’on confond de plus en plus information et communication. De plus, le champ d’action des journalistes se limite trop à l’information générale et politique alors que des besoins réels existent, tant sur le web que sur papier, dans les secteurs spécialisés comme le social, le juridique, l’économique et le scientifique. Un nouveau modèle de presse se prépare mais reste à encore à inventer.

Jean-Paul

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