La Feuille d'Hector n°824 du 17 janvier 2014

Inquiétante Centrafrique  (Éditorial du 17/01/2014)

 

Le 11 janvier 2013, la France intervenait au Mali. C’était l’opération Serval, opération réussie dans l’ensemble, avec 2 500 soldats. Depuis le 5 décembre dernier, suivant une résolution de l’Organisation des nations unies (ONU), notre pays a engagé 1 600 hommes en République Centrafricaine (RCA) pour l’opération Sangaris, aux côtés des 6 000 soldats africains promis par la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA).

 

Burundi, Tchad, Guinée équatoriale, Cameroun, Congo, Gabon et Rwanda font donc aussi l’effort d’envoyer des militaires pour tenter de ramener le calme dans un pays où affrontements, attaques, lynchages, exactions et représailles ont fait 1 000 morts, des quantités de blessés et des centaines de milliers de déplacés, en quelques semaines. En même temps, la plupart des pays africains rapatrient leurs ressortissants car ils ne sont plus en sécurité.

 

Ce pays de 4 700 000 habitants est une ex-colonie française, l’Oubangui-Chari1, qui faisait partie de l’Afrique équatoriale française (AEF), de 1910 à 1960. Avec ses 623 000 km2, la RCA est presque aussi grande que la France mais est enclavée par le Cameroun à l’ouest, le Tchad au nord, le Soudan et le Sud-Soudan à l’est, la République démocratique du Congo et le Congo au sud.

 

Savanes et forêt équatoriale occupent une bonne partie de ce pays au climat tropical où les ressources naturelles sont l’uranium, l’or, les diamants et les bois tropicaux. On y cultive le manioc, les bananes, le maïs, le café, le coton, la canne à sucre et le tabac. Bangui en est la capitale, la plus grande ville du pays, où vivent environ 1 200 000 habitants.

 

Sur le plan politique, la RCA a connu ses premières élections libres en 1993, portant au pouvoir Ange-Félix Patassé qui a été renversé par François Bozizé en 2003, renversé à son tour, en 2013, par la Seleka, une alliance de milices principalement musulmanes déclenchant une nouvelle guerre civile. La Seleka a mis au pouvoir Michel Djotodia2 mais des milices chrétiennes d’auto-défense se sont constituées. Ce sont les anti-balaka, une expression signifiant « anti-machettes » en sango, l’autre langue officielle du pays, avec le français.

 

Il ne faut pas oublier le coup d’État de Bokassa en 1965, personnage qui se proclama empereur en 1976 et dont la dictature fut renversée trois ans plus tard. Dans ce pays, la situation économique est fragile, la gestion de l’État difficile, les routes sont dégradées et l’insécurité règne.

 

Malgré d’importantes ressources, la République Centrafricaine est un des pays les plus pauvres du monde où les gens doivent  apprendre à vivre ensemble. C’est la seule solution mais la situation est très inquiétante.

Jean-Paul

 

1 : Oubangui et Chari sont deux fleuves. L’Oubangui (2 272 km) qui arrose Bangui, est un affluent du Congo alors que le Chari (1 200 km) coule vers le Tchad dont il baigne Ndjamena, la capitale, avant de terminer sa course dans le lac Tchad.

2 : Michel Djotodia a démissionné, avec son Premier ministre, le vendredi 10 janvier.

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