Jean-Paul raconte ses procès Partie 1

Privas, 1er procès, semaine du 10 au 14 septembre 2007

 

Intense et poignant: nous avons demandé à Jean-Paul de nous raconter la façon dont il a vécu les événements. Nous avons considéré que rien ne remplace l'oeil de l'accusé pour raconter un procès, rien ne remplace l'expérience terrible que peut vivre un homme lorsqu'il est condamné.

 

Nous avons proposé à Jean-Paul une sorte de "regard croisé" où l'un de ses proches lui répond, en donnant son propre point de vue. Commençons par Jean-Paul, qui nous parle du procès de Privas :

 

 

"La semaine a été dure, pénible. Comparaître libre en Cour d’Assises est précieux, car on n’est jamais seul. Le premier jour, Maître Bernard Vesson m’a même fait passer par la Maison des Avocats qui communique directement avec le Palais de Justice. Avec Maître Florence Rault, ils me protègent et ça me rassure. Quand je rentre dans cette salle pour la première fois, je ne comprends pas. Les travées sont remplies de monde et un petit coup d’œil me permet de voir que je ne reconnais personne… Ce n’est pas fait pour me rassurer. J’apprendrai, dans un moment, que ce sont les jurés qui attendent le tirage au sort !

 

Quant à moi, je dois grimper dans ce box, cette cage, et me tenir derrière trois gros câbles qui me font penser que je suis comme une bête curieuse. Maître Rault demande à la Présidente à ce que je me tienne à ses côtés comme cela se pratique, paraît-il, ailleurs mais elle essuie un refus catégorique. Cette Présidente, avant de commencer, m’a fait appeler à l’entrée du box afin de me « saluer » comme elle m’a dit. J’avais une bonne première impression mais j’allais vite déchanter.

 

Malgré l’agressivité de plusieurs plaignantes et l’autoritarisme de la Présidente, j’ai tenu mais j’ai conscience que je me suis mal défendu, n’étant pas du tout préparé à ce genre d’épreuves. En face, l’avocat général était féroce, hargneux, ne doutant pas une seconde de ma culpabilité malgré l’absence totale de preuves.

 

Mon passage par la Maison des Avocats s’est interrompu le second jour, je crois. Lors d’une interruption de séance, Maître Rault m’a invité à boire un café avec elle et Maître Vesson. Chacun paie ses consommations et cela fonctionne très bien. Soudain, le conseil d’une partie civile, est venu se plaindre auprès de sa consœur. J’imagine que cette personne ne voulait pas voir M Degache, l’horrible M Degache, boire « son » café ! Maître Rault s’est fâchée, répondant que c’était elle qui le payait avec l’accord du local, Maître Vesson et qu’il n’y avait pas de quoi en faire un scandale… Pour apaiser les choses, j’ai bu mon café et j’ai dit à mes avocats que je rejoignais ma famille et mes amis si nous n’avions rien de spécial à nous dire…

 

A la fin de chaque journée, nous rentrions tous. Ma sœur Marie-Jo et mon beau-frère Bernard se chargeaient de nous transporter. Hélas, le vendredi soir, je ne reprenais pas le chemin de la maison…

 

Après l’odieux réquisitoire, beaucoup de monde m’avait remonté le moral en m’assurant que l'avocat général était dans son rôle. A cela, je répondais que, s’il représente la société, il n’est pas obligé de s’acharner sur quelqu’un qui crie son innocence depuis dix ans et qui est accusé sans la moindre preuve.

  

Arnaud, qui nous avait rejoints depuis le mercredi était persuadé que les accusations de viols ne seraient pas retenues, un des avocats des parties adverses ne semblant même pas y croire. Le plus difficile et délicat à défendre, c’était les accusations d’agressions sexuelles mais il restait les plaidoiries de mes avocats… J’ai lu le texte argumentaire qu’Arnaud avait rédigé à midi, mais c’était trop juste pour que je m’en imprègne. D’ailleurs, à mon grand étonnement, alors que ce dernier jour, j’allais passer une nouvelle fois sur le grill, la Présidente me négligeait presque. Cela aurait dû m’alerter, comme cette réflexion qu’elle a lâchée un jour, déclarant : « oui M Degache, vous aurez besoin de beaucoup de soutien. Il vous faudra être courageux »."

 

A suivre...

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