2007, après la première condamnation Partie 4

Jean-Paul continue de nous raconter ces terribles heures qui ont suivi la condamnation de 2007. Ainsi, il nous livre son ressenti sur ces jours passés dans la Maison d'arrêt de Privas et sur les relations qu'il a pu tisser.


Partie 1

 

Quand débute une incarcération, les premiers jours sont occupés par les examens médicaux avec prise de sang, radios, analyses diverses et premières rencontres avec un psychologue et un psychiatre. Un surveillant ouvre la porte, m’appelle par mon nom et m’emmène au rez de chaussée, ouvre les grilles, les referme et parfois m’enferme dans une pièce minuscule où je dois attendre seul, que l’on revienne me chercher. Chaque fois que je me retrouve ainsi, je ne peux pas m’empêcher de pleurer en pensant à l’endroit où je me trouve, à l’incroyable tournure que prend ma vie et aussi à ce que vivent mes proches.

 

Le personnel médical n’est pas du tout sympathique et semble faire son travail avec dégoût. Je n’ai pas envie de m’éterniser avec cette infirmière, avec ce médecin, avec cet opérateur radio qui n’ont pas un seul mot de réconfort, pas un seul sourire… Par contre je suis agréablement surpris par l’entrevue avec une psychologue. Je lui dis d’abord ce que je pense de ses collègues, soi-disant experts, qui se permettent de juger quelqu’un simplement pour faire plaisir à l’institution qui les paie. Ensuite, la conversation se passe bien et ça me fait du bien de parler avec une personne qui m’écoute et semble me comprendre.

 

Il y a aussi l’entretien administratif avec un responsable de la détention qui enregistre ce qu’il faut pour que je sois inscrit dans ce lieu de détention. Il me remet un livret dont le titre m’amène instantanément les larmes aux yeux : « je suis en prison ». Je suis reçu aussi, au début de la première semaine, par le directeur, un homme qui se montre très humain mais qui ne peut rien faire pour réparer l’injustice qui me frappe. Très vite, je suis demandé par René, un visiteur de prison qui est aussi aumônier sans être prêtre. Je vois aussi une dame qui est aussi visiteuse. Ces entretiens me font beaucoup de bien, surtout pendant les quinze premiers jours durant lesquels je ne peux avoir aucune visite puisque les permis ne sont pas délivrés. On n’entend jamais parler de ce problème mais c’est un scandale allant à l’encontre des droits de l’homme les plus élémentaires : au moment où un être humain est condamné, quand il est au plus bas, il lui est impossible de rencontrer une personne qu’il aime.

 

Cela peut durer quinze jours à trois semaines pour des raisons purement administratives. Je pense qu’à ce moment-là, la personne condamnée n’est plus considérée comme un être humain. Il serait pourtant simple de délivrer en urgence un permis de visite afin de permettre de renouer sans délai ce lien avec l’extérieur essentiel. C’est ce lien qui permet de tenir et il devrait vraiment être pris en compte. Pour quelqu’un qui a effectivement commis une bêtise, cela doit être dur, mais quand on est innocent, c’est absolument atroce de se voir arraché brutalement à ses proches et de devoir attendre si longtemps pour commencer à les revoir.

 

Dans cette petite maison d’arrêt de Privas aux épais murs de pierre, je m’appuie d’abord sur l’amitié de mes camarades de cellule qui facilitent au maximum la vie quotidienne malgré les conditions matérielles difficiles qui nous sont offertes. Ensuite, il y a ces deux visiteurs dont j’ai déjà parlé. Je tiens à dire toute mon admiration pour ces personnes qui donnent de leur temps et de leur énergie pour venir soutenir le moral…

 

Jean-Paul

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