Mémoire rédigé par le Docteur Bensussan - 2ème Partie

Nous vous proposons aujourd'hui la deuxième partie de l'analyse réalisée par le Docteur Bensussan à partir de différentes séances avec Jean-Paul Degache. Celles-ci ont eu lieu avant le procès en appel de mars 2010.

 

1ère partie

 

"C’est à partir de cette époque (les années 1990) qu’il fait remonter ses premières interrogations en ce qui concerne son fonctionnement d’instituteur. Il se souvient de la forte médiatisation des affaires de pédophilie au début des années 1990 et dit alors s’être interrogé sur son comportement, se demandant s’il était adapté ou risqué de se comporter de la sorte vis-à-vis des enfants. Il semble hélas, même après cette première phase de doute ou d’introspection, s’être conforté dans la sécurité illusoire que lui donnaient l’absence de tout éprouvé érotique et/ou d’ambivalence ou de trouble à l’égard des enfants :

C’était clair dans ma tête…j’ai réfléchi à tout ça, mais je me voyais comme un père de famille…S’il y en avait un qui avait besoin d’être consolé, je le prenais dans mes bras…Pour moi c’était naturel…La bise, c’était pareil…Quand ils me disaient « au revoir » en faisant la bise, les parents attendaient dehors et voyaient tout…Personne n’a jamais rien trouvé à redire…

Il rappelle que la plainte inaugurale de 1997 émane d’un garçon et se souvient qu’il avait rencontré, avec cet enfant, les pires difficultés. Ses collègues semblent d’ailleurs avoir connu les mêmes :

 

Un gamin très dur… C’était l’horreur… Il détestait l’école… Mes collègues le laissaient dans un coin au fond de la classe… Moi je m’y refusais…

 

« Comme nos prédécesseurs, les Docteurs A et B, nous n’avons pas réussi à objectiver chez Monsieur DEGACHE la moindre pathologie psychiatrique décelable ou évolutive lors de nos entretiens, qui s’étalent pourtant sur une période de plusieurs mois. Nous rejoignons donc en tout point la position de notre confrère le docteur A, selon lequel « aucun signe pathologique n’explique les faits reprochés à Monsieur DEGACHE : pas de signe de psychose, de perversion ni de névrose » [page 4 du rapport d’expertise]

 

Les principaux symptômes que nous avons pu objectiver concernant son état psychiatrique sont assimilables à ceux d’un syndrome de stress post-traumatique : la seule évocation de la session de Cour d’assises ou de moments fatidiques tels que la lecture de l’énoncé du verdict provoquent chez lui une des manifestations anxieuses essentiellement non verbales, réellement pathétiques à observer : Monsieur DEGACHE se recroqueville littéralement sur son siège, se triture anxieusement les mains, sa mimique exprime une douleur morale, il a du mal à répondre à son interlocuteur. Il a vécu cette session de Cour d’assises comme un moment à la fois infamant et menaçant, cette conjonction représentant pour lui une cicatrice psychologique qu’il ne parvient manifestement pas à surmonter et qui prend même le pas, dans ses préoccupations anxio-dépressives, sur la peur, pourtant légitime et compréhensible, de l’issue de son jugement en appel."

 

3ème partie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Thème Noodle -  Hébergé par Overblog