Nos Correspondances de Manosque (4)

Vendredi 22 septembre

 

Orianne Charpentier et Marianne Madjidi :

Ce vendredi matin, les Correspondances lancent le Prix  littéraire des adolescents du département avec treize livres en compétition.

Cécile et Anne se relaient sur scène pour traduire en langue des signes française un entretien mené par Sophie Quetteville (photo ci-dessus).

 

Orianne Charpentier (photo ci-dessous) nous emmène dans un pays qu’elle ne nomme pas pour que cette Rage (Gallimard) soit accessible à tous.

 

Son héroïne qu’elle nomme Rage a des difficultés à s’exprimer dans sa propre langue mais c’est lorsqu’elle croise la route d’un chien maltraité, que sa vie change.

 

 

 

 

 

Marx et la poupée (Le Nouvel Attila), Goncourt du Premier roman, n’est pas un livre à réserver à la jeunesse. Je le recommande fermement aux  adultes car Maryam Madjidi (photo ci-dessous) fait partager sa vie d’émigrée iranienne en parlant d’abord de son enfance.

Voilà encore un éclairage différent de ce qui a déjà été publié par Negar Djavadi ou Chahdortt Djavann, par exemple. Ses parents, militants communistes, voulaient appliquer concrètement leurs idées au quotidien et demandaient à leur fille de donner ses jouets aux autres gosses du quartier… Difficile à accepter.

Le travail de conscience et de mémoire de l’auteure est très important afin de ne pas oublier que, dans ce pays, ses meilleurs enfants sont soit exécutés, soit en exil.

Pour Maryam Madjidi, les racines, ça n’existe pas. Elle le prouve dans ce livre après plusieurs naissances et renaissances.

 

 

 

Lisa McInerney :

Voilà une écrivaine irlandaise, Lisa McInerney (photo ci-dessous), auteure d’une poésie assez noire qui tient un blog intitulé « Le trou du cul de l’Irlande » en parlant de sa ville de Cork et qui publie Hérésies glorieuses (Joëlle Losfeld).

 

Elle parle de choses graves avec humour et ses personnages sont complexes comme les humains. Maureen, son héroïne, témoin de l’évolution négative de sa ville, a quitté l’Irlande pour Londres, il y a 40 ans. Quand elle revient à Cork, elle veut se battre contre des choses qui n’existent plus comme le pouvoir de l’Église sans se rendre compte que son influence a bien diminué.

 

Jimmy, son fils, était considéré comme l’enfant du péché. Sa mère avait 19 ans quand il est né et il a été élevé par sa grand-mère.

 

C’est une chronique sociale, avec beaucoup de noirceur. Sur la scène, place de l’Hôtel de Ville,

 

Yann Nicol donne aussi la parole à Catherine Richard-Mas, traductrice de Lisa McInerney, qui parle de son travail et des problèmes qu’elle rencontre pour faire passer l’humour de l’auteure tout en respectant le sens et la forme.

 

Photo ci-contre : Yann Nicol, Catherine Richard-Mas, Lisa McInerney et Valentine Leÿs (de gauche à droite)

Certains obstacles doivent être contournés pour toujours garder l’émotion, ce qui a fait rire.

« La traduction est un art, comme l’écriture », l’hommage de Lisa McInerney est apprécié et c’est l’occasion d’apprendre qu’un nouveau livre va bientôt sortir en France. Publié en anglais, il est déjà à la traduction !

 

 

Richard Morgiève et Philippe Jaenada :

Sophie Quetteville prend le relais avec deux écrivains confirmés.

 

Richard Morgiève (photo ci-contre), avec Les Hommes (Joëlle Losfeld), nous emmène dans le Paris voyou des années 1970, jusqu’à l’élection de François Mitterrand, en 1981. 

 

« Il n’y avait que moi qui pouvais l’écrire cette histoire, » avoue l’auteur. Il parle de fraternité et d’amour avec cette enfant qui choisit l’auteur pour qu’il soit son père,

Les joies, les peines de la vie mais aussi les voitures et la vitesse se retrouvent dans les soixante chapitres qui ont tous un titre.

 

 

 

La lecture de La petite femelle laisse des traces. Lorsque son auteur, Philippe Jaenada sort La Serpe (Julliard), son dixième roman, je ne peux qu’être intrigué et fortement intéressé par l’histoire d’Henri Girard, qui deviendra ensuite Georges Arnaud, se rendant célèbre avec Le salaire de la peur, paru en 1950 et dont l’adaptation au cinéma par Henri-Georges Clouzot a marqué les mémoires.

Fidèle à son habitude, l’auteur s’est lancé dans des recherches très poussées pour décortiquer la vie d’un sale gosse au début, devenu quelqu’un qui s’est battu toute sa vie contre l’injustice.

En 1941, dans un château sinistre de Dordogne, son père, sa tante, la bonne et lui sont enfermés pour la nuit. Le lendemain matin, trois morts gisent, massacrés à la serpe. Henri Girard appelle les secours mais il est le coupable idéal et sera… acquitté deux ans plus tard.

 

Philippe Jaenada (photo ci-contre) parle de sa quête et de ce restaurant chinois de Périgueux, désopilant ! L’émotion reprend le dessus lorsqu’il évoque les lettres d’Henri Girard  à son père : « Je n’ai jamais rien lu d’aussi bouleversant. Je pleurais comme une nouille. » C’est l’amour filial et paternel qui est au cœur d’un livre à lire d’urgence.

 

 

 

 

Chantal Thomas :

Tout est grâce dans ce roman familial centré sur la mère de Chantal Thomas (photo ci-dessous). Elle a intitulé cette reconstitution autobiographique basée sur le plaisir indispensable de la nage : Souvenirs de la marée basse (Seuil).

Minutieuse et passionnée, chaque détail qu’elle donne est palpitant et montre la vie invisible des enfants qui peuvent vivre des tragédies de manière stoïque.

Cette mère qui était obscure à la maison, devenait lumineuse lorsqu’elle nageait. C’est la célébration d’une personne qui n’a laissé aucune trace dans une activité qui n’en laisse aucune non plus.

 

 

Lettres à Anne de François Mitterrand, lecture par Laurent Poitrenaux :

Un acteur peu connu mais qui figure dans de nombreuses œuvres que ce soit au théâtre, au cinéma et à la télévision, a conquis le public du théâtre Jean le Bleu.

Certes, il y a le style impressionnant et l’amour profond pour Anne Pingeot de celui qui fut quatorze ans Président de la République mais encore faut-il le rendre, seul en scène, devant une salle comble.

Laurent Poitrenaux (photo ci-contre) a réussi une performance extraordinaire, convaincant les plus sceptiques à propos de cette publication : Lettres à Anne (Gallimard).

Débutant en 1962 et s’achevant en 1995 juste avant la mort de son auteur, les années défilant en chiffres énormes sur l’écran, au fond de la scène, cette correspondance éblouit, émeut, fait sourire, touche profondément celui qui l’écoute, révélant l’intimité d’un homme public que tout le monde croyait connaître et donne envie de plonger dans ce livre.

 

Concert littéraire avec Radio Elvis, Le voyage est immobile :

La soirée se termine, toujours dans la grande salle du théâtre Jean le Bleu avec le groupe de rock, Radio Elvis (photo ci-dessous).

Pierre Guénard, Manu Ralambo et Colin Russell alternent chansons et textes de Jack London, Sylvain Tesson, Antoine de Saint-Exupéry ou encore Catherine Poulain tout en lisant aussi le journal de leur tournée en Algérie.

C’est beau et captivant, Pierre Guénard imposant sa présence au centre de la scène.

à suivre…

Jean-Paul

 

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