Mémoire rédigé par le Docteur Bensussan - 5ème partie

Aujourd'hui, nous vous proposons la dernière partie du mémoire réalisé par le Docteur Bensussan. Le reste de la semaine sera consacré à son interview.

 

 1ère Partie

 

« Citons encore notre confrère A, dans sa conclusion :

 

« L’infraction, si infraction il y a, n’est rattachable qu’à la mimo-gestualité d’un maître qui, sans aucune perversité, a cherché à encourager les élèves »

 

Le même expert préconise de revoir les gestes autorisés ou appropriés d’un instituteur vis-à-vis des enfants dont il a la charge et ne semble pas, au moment où il rédige, imaginer les enjeux juridiques actuels. Il conclut son rapport par ces termes qu’il pensait apaisants :

« Une simple admonestation doit lui être signifiée : au moment où chacun parle d’inceste, de violence à enfant ou de pédophilie, il convient d’être un peu en recul pour ne pas prêter le flanc à la critique ».

 

C’est pourquoi il est si difficile d’étudier et donner un avis sur ce dossier avec le regard actuel sur la « bonne distance » entre un adulte, a fortiori enseignant, et un enfant. Il est évident que la proximité physique qui pouvait exister entre l’instituteur d’une petite commune et ses élèves dans les années 1970 ou 1980 a vécu : le seuil d’acceptabilité psychologique est actuellement profondément modifié et, comme en thérapie, le toucher doit être prohibé. Cet élément semble extrêmement important à prendre en considération : si l’on se fonde sur les gestes et le comportement que monsieur DEGACHE reconnaît (proximité physique, gestes de tendresse…) on peut penser qu’ils n’auraient pas généré la même inquiétude ou le même trouble chez les plaignantes émanant de la personne d’un enseignant de sexe féminin. Aucun expert ne se serait alors laissé aller à des supputations sur les nuances entre conduite perverse et structure perverse, ce d’autant qu’aucune plainte n’aurait selon toute vraisemblance été déposée sur la base d’un tel comportement. A l’exception toutefois de la gifle, qui, aujourd’hui et même émanant d’une institutrice, pourrait donner lieu à une plainte de parents…

 

Il est évidemment impossible de n’envisager dans cette discussion que les comportements que Monsieur DEGACHE reconnaît : mais il n’est pas du domaine de l’expert d’invalider ou, au contraire, de valider les déclarations des plaignantes et nous ne pouvons, prudemment et à l’instar de nos collègues, que donner un avis sur ce qui est reconnu et sur la lecture psychologique ou psycho-sexuelle que l’on peut en faire. C’est d’ailleurs au nom de cette même prudence et des limites de la mission d’expertise que l’on peut s’étonner du caractère péremptoire de l’affirmation du Docteur D, désigné en réquisition pour le rapport d’expertise psychiatrique de l’une des plaignantes. Notre collègue donne en effet un avis assez affirmé sur la véracité. Bien que sa discussion occupe une place extrêmement réduite dans son rapport (six lignes en page 7, dont quatre lignes et demi de citations de la plaignante) le Docteur D semble considérer comme avérés les faits rapportés par la jeune fille, sans qu’il subsiste dans son esprit – en tout cas dans son écrit – de place pour le doute :

 

Incontestablement, il existe un lien solide entre ses difficultés relationnelles sexuelles générales et contemporaines et l’agression dont elle a été [nous soulignons] victime. »

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