La médiatisation de l'affaire - troisième partie

 

Alors, quel rôle peuvent jouer les médias ? Une affaire de timing.

 

Les amis et proches de Jean-Paul Degache ne croyaient plus vraiment qu’il serait possible d’éviter les articles traditionnels, uniquement factuels, comportant parfois quelques interviews.

 

Ce fut donc une opportunité inouïe lorsque, quelques jours avant le procès en appel, un journaliste de l’émission 66 minutes sur M6 prit contact avec nous. Forcément, on se dit que cela va être comme d’habitude, un reportage rapide, qui raconte l’histoire d’un instituteur qui divise son village en deux, sans creuser un peu l’affaire mais Jean-Paul Degache finit par accepter de le rencontrer.

 

Mathieu Jego, autant le nommer, est un journaliste tout à fait classique, mais il a un avantage : il ne connaît rien de l’affaire. Il va donc faire quelque chose que Jean-Paul Degache attendait depuis longtemps : interroger les deux parties, face à la caméra, sans a priori particuliers.

 

Il a donc suivi le Comité de soutien, a interrogé ses défenseurs et Jean-Paul lui-même. Parallèlement, il est allé interroger chacune des accusatrices ayant accepté de témoigner.

 

Loin des pleurs et de l’aspect dramatique du procès, on assiste à une enquête intelligemment menée. Elle est parfaitement équilibrée, c’est d’ailleurs l’avis du public qui aura eu l’occasion de la visionner sur M6.

 

Jean-Paul Degache est représenté tel qu’il est, face à la caméra. Il a l’occasion de développer les arguments de sa défense, il a aussi l’occasion de reconnaître qu’il était sans doute trop proche des élèves, ce qui a pu – et c’est hélas le cas pour certaines – les perturber.

 

Les accusatrices peuvent également raconter ce dont elles accusent Jean-Paul Degache : des viols commis devant toute la classe derrière le bureau de l’instituteur. Elles sont toutes réunies chez l’une d’entre elles et racontent.

 

Le reportage s’intéresse ensuite au fameux bureau, dont on voit bien qu’il ne permettait pas de violer un enfant, mais également à la reconstitution vidéo de la salle de classe qui démontre qu’il était impossible pour un élève assis dans la classe de ne pas voir un viol se commettre devant ses yeux.

 

Il se termine par la scène – terrible – du verdict où la salle explose en même temps que Jean-Paul Degache s’effondre et est emmené en prison pour les 8 prochaines années.

 

Lorsque l’on observe les réactions suite à la diffusion du reportage, une chose revient systématiquement : le doute. On ne sait pas si on a à faire à des manipulatrices ou à un pervers pédophile. On ne sait pas, parce qu’il n’y a pas de preuves, on ne sait pas parce que matériellement, ça paraît un peu gros, on ne sait pas parce que les accusatrices semblent nombreuses…

 

La charge émotionnelle de ce reportage aurait pu retourner l’affaire, dévoiler le fait qu’elle était en fait un nouvel Outreau. Ce reportage aurait dû en entraîner d’autres et mobiliser autour de la cause de Jean-Paul. Cela a été le cas, puis le soufflé est retombé car le reportage a été diffusé après le procès en appel, là où il a tenu à Outreau car la presse s’est mobilisée après le procès en première instance.

 

Réjouissons-nous pour les innocentés d’Outreau dont le plus connu, Dominique Wiel, est d’ailleurs membre du Comité de soutien à Jean-Paul Degache et fut l’un des principaux artisans de la relance de sa défense après le procès de Privas. Mais ayons une pensée pour tous ceux, comme Jean-Paul Degache, qui ne sont pas passés loin, pour qui il aura manqué quelques mois, quelques jours, pour que la presse fasse son travail et contribue à mobiliser l’opinion en lui montrant qu’une injustice se jouait à Nîmes.

 

http://www.dailymotion.com/video/xcv6mi_l-instituteur-de-la-discorde-premie_news

 

http://www.dailymotion.com/video/xcv92o_lyinstituteur-de-la-discorde-deuxie_news

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