Extrait de courrier : "Que l'on te rende justice !"

Nous vous proposons en ce début de semaine des extraits d'un courrier écrit par un ancien collègue de travail de Jean-Paul, Michel, qui nous a tout de suite donné son accord afin de les publier. Merci à lui car son témoignage est riche pour de multiples raisons...

 

Courrier du 30 janvier 2013

 

Cher Jean-Paul,

Traumatisé (vraiment) par les évènements de Pojot et Étables, je suis resté sidéré (vraiment) lors de l’annonce de ton arrestation. Et, crois-moi, convaincu de ton innocence mais dans l’expectative (de quoi ? je ne sais pas), j’attendais un dénouement proche et favorable bien entendu. L’enthousiasme et la ferveur des participants aux assemblées de Sarras me donnaient la conviction que cette situation ne pouvait durer. De même la multitude des témoignages en ta faveur me disaient que ta libération ne pouvait tarder. Les 1 000 jours m’ont marqué en ce sens, que j’assistais sans réagir à la privation de liberté d’un collègue que je connais depuis si longtemps. (Je me souviens encore de ta réussite au CAP où, un peu imbibé tu nous avais chanté… et en plusieurs langues dont le japonais !  Zut le titre m’échappe, tu t’en souviens ?). Mais ensuite grâce à l’USEP dont tu t’occupais avec un militantisme admirable, que de rencontres ! La plus belle, la plus extraordinaire étant cette Vel’USEP qui nous a fait traverser l’Ardèche avec nos élèves et de nombreux parents accompagnateurs qui en gardent un formidable souvenir.

 

Et puis je n’ai pas pu assister à la dernière assemblée de Sarras et là, je me suis senti coupable et perturbé par mon attitude. Je ne pouvais sans régir, assister à la détresse d’un collègue que j’avais côtoyé sans ne jamais rien remarquer qui puisse me faire douter, sans ne jamais rien entendre sur son sujet, et pourtant dans une période où, suite à différentes affaires, les langues se déliaient vite, trop vite parfois et où il était impossible de passer à travers - et, où il était donc possible d’être accusé du jour au lendemain. Mais, sur toi rien, jamais rien. Je n’ai jamais eu que les témoignages de ton implication remarquable dans ton métier, tes activités périscolaires, associatives ou citoyennes.

 

Dans nos villages où les agissements des « instits » sont toujours archi commentés, même d’un village à l’autre (dans les familles, sur les lieux de travail), jamais rien n’est parvenu jusqu’à moi.

Comment la justice a-t-elle pu ne pas en tenir compte ?

Je viens de lire le livre de Cyrulnik, Sauve-toi, la vie t’appelle où il met en lumière le fait que notre mémoire n’est jamais fiable, qu’elle est toujours une interprétation de la réalité. Il le met en évidence avec son propre cas, en ayant confronté ses souvenirs d’enfant avec la réalité des faits rapportés par des documentaires de l’époque.

 

Sans vouloir nier la sincérité des anciennes élèves, mais en tenant compte de cette non-fiabilité de la mémoire, comment la justice a-t-elle pu prendre en compte, sans hésiter, ces témoignages ?

Malheureusement, d’autres procès nous montrent que c’est possible, et que le seul moyen de montrer son innocence, c’est malgré l’immense difficulté (inimaginable pour qui ne l’a pas vécu), c’est de rester « JUSTE ». Tu as su le faire jusqu’à présent, tous ceux qui t’entourent le font jour après jour. (Et j’admire les collègues qui t’apportent un soutien sans faille).

Je ne vais pas te souhaiter une bonne année, mais je vais formuler le vœu que mon soutien, ajouté à tous ceux qui t’apportent le leur, puisse enfin faire que l’on te rende justice.

C’est une terrible épreuve que tu vis là (pourquoi ?) ; tu en sortiras blessé, meurtri bien sûr, mais plus fort.

Avec toute mon amitié.

Michel

Et un 2ème bravo pour tes multiples articles publiés sur ton blog !

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