Ecriture
-
Depuis son incarcération, Jean-Paul s’est inscrit à des cours de culture générale. Il a donc décidé de vous faire partager un de ses textes qu’il a écrit en cellule. On lui demandait de produire un dialogue entre deux personnes d’avis opposés en s’appuyant sur le texte de Michel Serres, Le Tiers-Instruit (1991). Il nous précise que toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé serait un pur hasard !
Un verre de bière bien fraîche à la main, Eric et Cathy évoquent les évènements sportifs de l’été. Eric insiste :
« Cette inflation de compétitions pervertit tout. On cherche toujours à remporter plus de victoires que les autres… Où cela s’arrêtera-t-il ?
- Mais c’est la compétition qui fait progresser les hommes, s’insurge Cathy. Il faut toujours un vainqueur et un vaincu. Sinon, il serait impossible de savoir où on en est !
- Le plaisir, c’est le plaisir qui compte avant tout ! conteste Eric.
- Pourtant, quand tu roules sur ton VTT et que tu prends du plaisir, comme tu dis, tu profites des progrès matériels permis par la compétition, par les courses.
- Je veux bien mais c’est désagréable cette sacralisation du premier. C’est comme si les autres n’existaient pas. Regarde le podium : à la rigueur on reconnaît le second et le troisième mais les autres qui ont été aussi courageux… c’est comme s’ils n’existaient pas !
- ils le savaient au départ. Ils n’avaient qu’à rester chez eux, poursuit Cathy. Personne ne les a forcés à venir. S’ils ont participé, c’est dans l’espoir de gagner ou au moins de monter sur le podium. Mais enfin, à quoi ça sert ? »
Eric s’agite sur son fauteuil et oublie sa bière…
« Tu as vu ces footballeurs. Plus ils gagnent de l’argent et plus ils sont infectes. Sur les terrains, le jeu passe après l’enjeu. On n’hésite pas à faire mal à un adversaire pour ne pas perdre. C’est n’importe quoi ! Une bande de copains peut très bien jouer au ballon uniquement pour s’amuser.
- S’il n’y avait pas de championnat à disputer, une coupe à gagner, il n’y aurait pas de motivation et pas de matchs. C’est la compétition qui fait bouger les gens, reprend Cathy.
- C’est pour ça qu’ils se dopent !
- Bien sûr qu’il y a toujours des tricheurs mais c’est comme dans la vie. Pourquoi le sport serait-il épargné ?
- Cela ne devrait pas exister, essaie de conclure Eric. Le sport ne devrait être que plaisir, joie de l’effort et partage d’une même passion.
- En attendant, puisque nous n’arrivons pas à nous mettre d’accord sur ce sujet, en voilà un où nous serons toujours sur la même longueur d’ondes : à ta santé ! »
Jean-Paul