Atelier d'écriture, Semaine 14 Partie 1

  • Les amis et proches de Jean-Paul Degache
  • La vie en prison

Voilà deux nouveaux articles publiés par Jean-Paul dans le journal de la Maison d’arrêt. Rappelons que cette Classe d’Atelier Journal  lui permet de « s’échapper », quelques heures dans la semaine, de son enfermement. Aujourd’hui, nous vous proposons l'éditorial rédigé par Jean-Paul pour le numéro  paru le 14 janvier 2011 ainsi que la chronique du Prix Goncourt 2010. Bonne lecture.

 

L’année change, les problèmes demeurent (Editorial du 14/01/2011)

 

Repère nécessaire dans le déroulement du temps, le changement d’année que nous venons de vivre doit nous faire réfléchir à propos de certaines habitudes. Les bulletins d’information des grandes chaînes de télévision étaient consternants le 1er janvier dernier. Ils nous abreuvaient d’images de joie, de fête, de cotillons, de champagne déversé sur la chaussée, de personnes exubérantes… Etait-ce bien la véritable actualité, la plus importante ?

Pour une immense majorité de gens, un changement d’année n’est rien moins qu’une date comme les autres parce que leurs problèmes, leurs difficultés, leurs soucis et leurs motifs de désespoir ne sont pas effacés par un coup de baguette magique. Ce jour-là, Arte, la chaîne franco-allemande, était une vraie chaîne d’actualité où les frivolités ne monopolisèrent pas les grands titres. Non seulement un attentat très meurtrier venait d’ôter la vie à vingt et une personnes en Egypte mais il ne fallait pas oublier toute les personnes détenues en otage à travers le monde, le mur que les Israéliens continuent à construire qui isole toujours un peu plus les Palestiniens et l’arrivée de l’Estonie dans le groupe de pays ayant adopté l’Euro. Il y a de terribles inondations en Australie, la situation critique en Côte d’Ivoire, le problème des retraites en France, le chômage qui ne cesse d’augmenter, les 3,5 millions de personnes qui, dans notre pays, n’ont pas d’autre choix que d’être mal logées, le nombre de SDF sans cesse croissant, les riches qui s’enrichissent toujours plus et les pauvres qui sont toujours plus pauvres…S’ajoutent aussi les hausses diverses appliquées dès le 1er janvier et la suppression de certaines niches fiscales favorisant l’aide à domicile, suppressions qui vont handicaper les plus faibles. Les sujets ne manquaient pas.

Avec raison, on prétendra qu’il ne sert à rien d’ajouter à la sinistrose mais, entre consacrer un journal entier à des festivités concernant une petite minorité et plomber le moral des citoyens, il existe un juste milieu respectant un équilibre salutaire. Souhaiter une « bonne année » à quelqu’un ou lui adresser ses « meilleurs vœux » fait partie d’une nécessaire convivialité finalement bien agréable mais il ne faut pas oublier que si l’année change, les problèmes demeurent.

 

« La carte et le Territoire » de Michel Houellebecq(14/01/2011) 

 

la-carte-et-le-territoire.jpgAprès un vote, peut-être le plus rapide de son histoire, 1 minute et 29 secondes, le jury du Prix Goncourt a récompensé, cette année, un livre déjà vendu à plus de 200 000 exemplaires : La carte et le territoire, de Michel Houellebecq. Depuis 1998, cet écrivain passe à côté de cette récompense très prisée. Tour à tour, avec Les particules élémentaires puis Plateforme, en 2001, et encore La possibilité d’une île, en 2005, l’auteur français, qui possède le plus grand rayonnement à l’étranger, a échoué dans cette compétition littéraire. Le succès remporté cette année explique la bousculade sans précédent, frôlant l’incident grave, qui s’est produite chez Drouant, le fameux restaurant où se réunit le jury présidé par Edmonde Charles-Roux, lorsque le lauréat est arrivé pour recevoir son prix, un chèque de…10 euros !

La carte et le Territoire raconte l’histoire d’un jeune peintre à succès, Jed Martin, et d’un écrivain célèbre nommé…Michel Houellebecq. Ce livre jette une lumière crue sur le monde contemporain, mettant en évidence les dérives de la société de consommation, les mirages de la célébrité mais aussi le lent naufrage d’un pays entièrement voué au tourisme où l’image l’a définitivement emporté sur la réalité. A son écriture sans fioriture, magnifiquement rythmée et imprégnée d’humour, Michel Houellebecq ajoute cette fois une forme de tendresse désespérée.

Pour cet écrivain exilé volontairement en Irlande depuis plusieurs années, le Prix Goncourt 2010 représente une grande joie parce qu’il « fonctionne comme une passerelle entre le monde des lettres et le grand public. Il permet d’atteindre les gens qui, sans cela, ne lisent pas. » Or, dit-il : « lire est une grande source de joie ».

 

Jean-Paul

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Thème Noodle -  Hébergé par Overblog